Quel océan voulons-nous ? Voix autochtones, inclusion et justice épistémique face aux défis systémiques

La participation des chercheur·e·s du Sud global aux grands rendez-vous scientifiques internationaux reste profondément inégalitaire. Sandra Ranaivomanana, doctorante à l’Université de Toliara (Madagascar), en a fait l’expérience lors du One Ocean Science Congress (OOSC) à Nice. Bien que sa présentation ait été acceptée par la commission scientifique et qu’elle ait obtenu un financement couvrant transport et hébergement, sa venue dépendait de l’obtention d’un visa. Celui-ci ne lui a été accordé que trois jours avant le départ, avec une convocation à l’ambassade de France située à 1 000 km de chez elle, et ce, à ses frais — tout comme ses autres dépenses à Nice. Si elle a réussi à surmonter ces obstacles, d’autres chercheurs, pourtant financés eux aussi, n’ont jamais reçu de réponse à leur demande de visa et n’ont donc pas pu participer au congrès.

Le terme « One Ocean » se veut aujourd’hui inclusif, en ligne avec le principe de « ne laisser personne de côté », au cœur de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques.[1] Pourtant, les pratiques institutionnelles peinent encore à refléter cet engagement. Lors de l’ouverture du One Ocean Science Congress (OOSC) le 3 juin, la séance inaugurale réunissait treize hommes et une seule femme — un déséquilibre révélateur des biais de genre persistants dans les prises de parole visibles (Johanessen, 2024, p. 69).[2]  Si l’on a pu observer une meilleure représentation dans les panels suivants, la situation reste contrastée : au Forum de l’économie bleue à Monaco, l’enjeu de l’équité semblait complètement absent. Cristina Tebar Less (Women for Sea, WfS) l’a d’ailleurs souligné lors de la présentation de Women Action for the Ocean (WAO), dans un amphithéâtre du Centre Universitaire Méditerranéen (CUM) dont l’accès était strictement réservé sur invitation.

En analysant la manière dont l’équité se manifeste dans les sciences marines présentées lors de l’OOSC, on constate une marginalisation persistante des sciences sociales, souvent cantonnées à des thématiques liées aux chercheurs du Sud global ou aux communautés autochtones. Cette dynamique reflète un déséquilibre plus profond : la participation inclusive et légitime des détenteurs de savoirs culturels autochtones demeure largement marginale, comme l’indique le plan de mise en œuvre de la Décennie des Nations Unies (Hills et al., 2022, p. 281).[3] Et ce, en dépit du fait que les savoirs locaux et autochtones (Indigenous Local Knowledge – ILK) sont officiellement reconnus comme essentiels dans les documents directeurs de cette même Décennie (UNESCO, 2021).

Bien que les peuples autochtones ne représentent qu’environ 5 % de la population mondiale, ils assurent la protection de près de 85 % de la biodiversité globale (Nelson, 2 juin 2024).[4]  Ce paradoxe souligne le rôle crucial de leurs savoirs dans la gestion des écosystèmes — des savoirs pourtant historiquement marginalisés (Vierros et al., 2008).[5] En effet, les connaissances occidentales se sont souvent imposées comme universelles, fondées sur des dichotomies rigides (sujet/objet, raison/émotion, esprit/corps, nature/culture, homme/femme, blanc/noir), reléguant d’autres formes de savoir au rang de pratiques irrationnelles et en consequence destruites (Santos, 2014).[6] La tentative de dissocier les savoirs autochtones locaux des modes de vie qui les produisent révèle une logique extractiviste d’inspiration coloniale et capitaliste, qui transforme ces savoirs en ressources à exploiter. Comme le souligne Todd (2015, p. 17), une telle approche revient à « effacer les dimensions incarnées, pratiques et juridiques des ontologies autochtones telles qu’elles sont mises en œuvre par les acteurs locaux ».[7]

​​Où donc a-t-on pu observer des formes d’équité et la présence de savoirs pluriels lors de l’OOSC ? Cependant, dans le panel T1-1a Plurality of value and knowledge systems, including Indigenous and local (dans le thème 1 : Integrating knowledge systems, with a focus on responsibility and respect for the ocean), une membre d’une communauté locale, Rahera Ohia, qui a présenté aux côtés du chercheur postdoctoral François Thoral, tous les deux à  l’Université de Waikato, NZ, a pris la parole : « Les scientifiques, vous avez besoin de nous. Vous viendrez à nous, car sans nous, vous n’arriverez pas à trouver ce que vous cherchez. ». Une parole qui peut très bien être partagée par les communautés autochtones du monde entier, comme le montre par exemple Ailton Krenak dans son livre Le Futur est ancestral. [8]

Rahera Ohia et le chercheur François Thoral, tous les deux de l’Université de Waikato, NZ.

Dans le même panel (T1-1b) Karen Fisher, géographe de l’environnement, de l’Université d’Auckland, quant à elle, met en garde : si nous soutenons l’inclusion des peuples autochtones et de leurs savoirs dans les actions visant à améliorer les relations entre humains et océan, nous devons insister sur la nécessité de respecter l’intégrité de ces peuples et de leurs connaissances. Parlant depuis Aotearoa (Nouvelle-Zélande), elle rappelle les luttes permanentes pour leurs droits, ainsi que les violences épistémiques et les injustices issues de la colonisation. Son intervention soulève une question centrale : dans cette Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques, qui compose le « nous » dans le slogan « l’océan que nous voulons » ?

De son côté, Marina Lévy, océanographe spécialiste de la modélisation, conseillère pour l’Océan auprès de la présidence de l’IRD, a souligné les limites de l’exploration océanique — qu’elle soit fondée sur l’observation ou sur la modélisation — en raison de notre incapacité à observer l’océan de manière synoptique, dans la durée et à toutes les échelles. Elle a insisté sur l’importance de concilier les différentes échelles spatio-temporelles physiques pour évaluer la santé de l’océan, en mettant l’accent sur la production primaire comme indicateur clé. Celle-ci est observée par satellite et intègre les dynamiques physiques, chimiques et biologiques. Elle a également évoqué l’intérêt d’intégrer les savoirs et décisions issus des communautés autochtones dans ces processus. Comme elle l’a mentionné lors de sa présentation, après plusieurs années de recherche, elle a trouvé une résonance entre ses données scientifiques et une œuvre créative qui, selon elle, traduit visuellement ce que ses données révèlent sur l’océan.

 

Ces deux illustrations faisaient partie de la présentation de Marina Lévy lors du panel T1-1a ; la deuxième schéma provient d’un travail collaboratif mené au Pérou avec Alice Pietri, IRD.

 

Comment alors intégrer deux cadres épistémologiques si différents ?

Comment construire une approche holistique de la recherche ?

 

Plusieurs présentations ont abordé cette question, notamment celle de Pieter Romer, responsable de liaison avec les communautés autochtones, Ocean Networks Canada (ONC), qui a presenté dans le panel T1-1b, et qui a insisté sur la nécessité d’autonomiser les acteurs locaux dans leur propre environnement, en les dotant de formations et d’outils. Il a rappelé, à travers son intervention intitulée « The advancement of Indigenous involvement in ocean monitoring through meaningful engagement and true partnerships », à quel point la participation des communautés autochtones à la collecte de données est cruciale pour un suivi à long terme et pour obtenir des résultats plus solides. Il a également souligné que les méthodes de suivi autochtones, souvent qualitatives et peu coûteuses, offrent des voix a dialoguer differentes perspectives que la science conventionelle ne peut pas négliger. ONC, une initiative de l’Université de Victoria, gère des programmes de surveillance marine dans des environnements côtiers, océaniques profonds et arctiques. En combinant les savoirs autochtones et locaux, notamment les savoirs écologiques traditionnels (TEK : Traditional Ecological Knowledge), les savoirs écologiques locaux (LEK : Local Ecological Knowledge) et les connaissances autochtones (IK : Indigenous Knowledge), on peut améliorer la gouvernance environnementale et la prise de décisions en matière de gestion des ressources.

Mia Strand, chercheuse en sciences sociales à l’Université Nelson Mandela (Afrique du Sud), également présente dans le panel T1-1b, a quant à elle interrogé : comment s’assurer que cette transdisciplinarité ne nuise pas aux collaborateurs non académiques comme les détenteurs de savoirs autochtones ou les communautés de pêcheurs ? Ne risque-t-elle pas de devenir une autre forme de recherche extractive ? Au fond, tout cela pose une question de compréhension à une échelle différente.

Ce qui semblait impossible au départ – l’interdisciplinarité ou la transdisciplinarité – devient une richesse quand un véritable travail en commun commence à se tisser. Ce modèle de recherche a ainsi sa force d’attraction, mais ne peut sans vigilance être mobilisé ou invoqué sans une conscience aiguë de la difficulté à lutter contre son encastrement dans des infrastructures cognitives et politiques dont la logique extractive n’est qu’exceptionnellement absente. Alors seulement, nous pourrions parler d’un océan, au singulier.

Il existe des exemples de relations étroites et spirituelles entre les humains, les divinités et les cultures marines, impliquant des espèces migratrices comme les baleines, dauphins, requins et tortues, qui parcourent de vastes zones du Pacifique (Lebic, 1989 ; Luomala, 1984; Oliver, 1974).[9] Cependant, en qualifiant les traditions et pratiques non européennes de « culture », « tradition » ou « croyance », autrement dit comme des formes de « non-savoir », ces modes de connaissance sont relégués et empêchés de coexister avec les savoirs occidentaux (Santos, 2014).[10] Et si nous sommes donc déjà immergés dans les pratiques et visions du monde des communautés locales, dont les manières d’être en relation avec l’océan relèvent d’une ontologie totalement différente, Catherine Sabinot, anthropologue, IRD Noumea, encore dans le deuxième session du panel T1-1b, a interrogé : les façons océaniennes de se relier à l’océan peuvent-elles transformer nos modes de gestion et nos relations humains-nature ?

Pour nous faire prendre conscience de l’importance d’une véritable inclusion pour comprendre l’environnement, l’océan et ses êtres vivants, un soir, nous sommes montés au Fort de Mont Alban avec les ateliers de Sentiment océanique, pour écouter les ondes partagées par Olivier Adam, chercheur en bioacoustique à l’Institut d’Alembert, à travers les arts scéniques. Comme il le dit : « Les creatures marines nous parlent… mais qui les écoute ? » En s’intéressant à leur conscience et à leur vie en société, les avancées scientifiques montrent que ces animaux sont bien plus complexes que ce que l’on a longtemps cru, comme le mentionne Hortense Chauvin dans un article publié sur Reporterre le 7 mai 2025.[11] Lynne Sneddon, professeure à l’université de Göteborg, en Suède, et spécialiste renommée des poissons, complète :  « Les poissons n’ont pas d’expressions faciales, sur lesquelles les humains s’appuient beaucoup pour comprendre les autres », pour autant, « sont-ils amnésiques et dépourvus de sensibilité ? ».[12]

En effet, quand la science est partagée, et quand on sort des espaces hyper-sécurisés comme Port Lympia ces jours-ci à Nice, on peut avoir le plaisir de toucher davantage le monde réel, le monde naturel, en regardant et écoutant, par exemple, la danse du collectif Minuit 12 avec l’oeuvre Récifs au Fort de Mont Alban. Là, le vendredi soir, avec l’une des plus belles vues sur Nice, les corps vivants de ces danseuses s’expriment au rythme des voix qui réclament d’être écoutées — des voix de cetaces enregistrées par Olivier Adam et la création sonore d’Inès Ramdane. Les corps agissent, traversés par l’effervescence des voix de vies perturbées dans le milieu marin. Ces enregistrements réalisés par Olivier Adam ont également fait partie d’autres travaux transdisciplinaires, notamment une collaboration avec Nicolas Dubreuil, qui vit depuis longtemps à Kullorsuaq (Groenland). Ensemble, ils ont présenté ce projet à Océanopolis (Brest).[13] À travers les sons enregistrés des narvals, Olivier Adam a permis à Nicolas de réaliser que la communauté autochtone les écoute constamment, souvent sans même y prêter attention, car elle vit depuis longtemps en symbiose avec ces animaux. Ces communautés ressentent la communication sonore avec les narvals à travers les pales des pagaies lorsqu’elles se déplacent avec leurs pirogues. Les narvals font ainsi partie intégrante de la cosmogonie et du quotidien de cette communauté autochtone de l’Arctique.

Récifs, Collectif Minuit 12, Fort de Mont Alban, vendredi 6 juin 2025

À l’espace immersif de la Baleine, samedi 7 juin matin, les collectifs et communautés locales et autochtones venus de partout s’activent. Ils ont été élus pour représenter justement ces communautés, ces voix invisibilisées. Ils se préparent pour le grand événement de l’UNOC, en présence de chefs d’État. Réunis en cercle avec une coordinatrice d’événement qui les guide sur la manière d’intervenir, ils se préparent à cette rencontre qui sera fermée au public le dimanche, retransmise sur les canaux de communication, et qui marquera leur présence auprès des décideurs politiques.

Mais le samedi, dans les espaces fermés situés à l’étage supérieur de la Baleine, ils participent aussi à divers événements organisés par des ONG et des collectifs. Par exemple, lors d’une présentation dédiée aux savoirs du peuple Kanak, on a pu entendre la vision de l’océan exprimée par Maina Sage, ancienne députée de la Polynésie française à l’Assemblée Nationale de 2014 à 2022, présente parmi le public. Interpellée par l’un des intervenants, Tamatoa Bambridge, celle-ci lui a répondu :

« Un peu une question surprise, mais merci. Alors, cette vision polynésienne des fonds marins est très importante aujourd’hui. Parce que, avec l’exploitation des fonds marins, nous sommes très inquiets, c’est une préoccupation. Parce que les polynésiens, ils voient le fond marin comme un espace sacré. Il est sacré en permanence. Parce que c’est la source, c’est vraiment la matrice des origines. Et également, comme le disait mon confrère de Nouvelle-Calédonie, c’est également là que vont les âmes de nos ancêtres. Alors, cet espace est sacré, on l’appelle le « Papa »[14], et si on veut revenir à ce concept de généalogie, pour nous, notre généalogie démare au « Papa ». C’est-à-dire que nous associons notre généalogie au « Papa », à la fondation, c’est-à-dire de là où nous sommes, de notre île. Et nous voyons, comme en Nouvelle-Calédonie, toutes les espèces qui sont autour comme des membres de notre famille.

Donc, si on parle de généalogie, on parle du « papa », et ensuite on demande, on dit « fata Papa », en Paumotu, et on récite sa généalogie à l’image de la construction du récif, de la construction de ces différentes strates jusqu’à aujourd’hui. Donc, si on veut parler d’arbre généalogique, nous pouvons même aller jusqu’à, au lieu de parler d’arbre, parler de récif. Notre arbre généalogique, c’est la construction d’un récif. Donc, nous ne voyons pas le monde de la même manière que les occidentaux, nous voyons le monde comme un espace où tout est lié. Et si nous voyions le monde de cette manière là, on n’aurait peut-être pas autant de problèmes aujourd’hui. Tout est lié à une âme : un poisson, une baleine, un requin a autant d’importance et nous ne pouvons pas dominer ce monde. Nous sommes l’océan. Et l’océan est une entité, une entité vivante. Voilà ce que je peux partager aujourd’hui. »

Contrairement à une vision occidentale souvent utilitariste, cette approche polynésienne se traduit par le soutien de juristes cherchant la reconnaissance juridique de l’océan en tant qu’organisme vivant.[15] Comme le mentionnent les scientifiques Gattuso et al. (2021)[16], l’étude de Breitburg et al. (2018)[17] a révélé que les zones de minimum d’oxygène dans l’océan ouvert se sont étendues sur plusieurs millions de kilomètres carrés, et que des centaines de sites côtiers présentent désormais des concentrations d’oxygène suffisamment faibles pour limiter les populations animales et perturber le cycle des nutriments essentiels. Le volume des zones pauvres en oxygène devrait augmenter d’environ 7 % d’ici 2100 dans un scénario de fortes émissions de CO₂. La désoxygénation affecte la biodiversité et les chaînes alimentaires, et impacte négativement la sécurité alimentaire ainsi que les moyens de subsistance des populations qui en dépendent.

C’est Christina Hicks, chercheur·se en sciences sociales de l’environnement au sein du groupe d’écologie politique du Centre pour l’environnement de l’Université de Lancaster, lors du keynote 5 intitulé « Diverse Food Systems Support Justice and Nutrition », qui a souligné l’importance cruciale des pêcheries artisanales dans la sécurité alimentaire et la nutrition des populations locales, notamment en Afrique et en Asie. Elle a insisté sur la richesse nutritionnelle des poissons, au-delà des protéines, notamment en micronutriments essentiels au développement physique et mental. Malgré la disponibilité suffisante de poissons nutritifs dans certaines régions, des inégalités d’accès persistent, souvent liées aux pratiques de pêche industrielle, au commerce global et à la gouvernance.

Christina Hicks a aussi mis en avant les menaces climatiques et la nécessité d’une gestion équitable et inclusive des ressources marines pour protéger ces systèmes alimentaires diversifiés et essentiels. Ainsi, même si l’approvisionnement en oxygène pour les humains ne constitue pas une source d’inquiétude, il est important de se préoccuper du déplacement croissant des poissons vers d’autres zones, en raison de l’expansion des régions océaniques appauvries en oxygène.[18] Pour les communautés autochtones, la dégradation des zones marines appauvries en oxygène n’est pas une abstraction scientifique, mais une réalité vécue, un écho des souffrances de leurs ancêtres. Cette vision spirituelle et ancestrale de l’océan les place en première ligne dans la protection de cet environnement vital. En revanche, pour de nombreux occidentaux, ces enjeux demeurent souvent des concepts abstraits, relayés dans des discours diplomatiques, mais éloignés de leur quotidien.

Le dimanche 8 juin, à l’occasion de la Journée mondiale des océans, La Baleine est restée fermée au public. Les événements préparés la veille ont alors pris forme. Ainsi, la projection du film Remathau: People of the Ocean a marqué l’ouverture officielle de l’UNOC à Nice, dans le cadre d’un panel intitulé Women of the Ocean, réunissant des figures emblématiques telles que Sylvia Earle, Dawn Wright, Lysa Wini Aulani Wilhelm et Nicole Yamase. Remathau raconte l’histoire d’une jeune biologiste marine de Micronésie, qui explore les profondeurs de l’océan et redécouvre en même temps ses racines et la force de son peuple. Il cherche aussi à faire connaître la relation unique que les Micronésiens entretiennent avec la mer et à valoriser les savoirs transmis depuis des générations à travers les légendes, les chants et les rituels. Ce moment fort a été accompagné d’une performance de John Taukave M.A et Mia Kami avec un message poignant, véritable déclaration d’intention pour les jours à venir :

« There is strength, there is power, and there is change in you and I. Like the wind, we still move. Like the waves, we rise high. Like the sun, we never die. »

À l’image des mammifères marins — ces membres des familles autochtones, ces parents relationnels —, le travail des femmes reste encore trop souvent invisible, tout comme les voix que l’on n’écoute pas. Dans ce silence, l’ignorance feinte devient un alibi discret pour laisser perdurer la violence. Ce constat résonne toutefois avec une espérance : celle que la science, si elle s’ouvre véritablement — avec éthique et en collaboration — puisse changer notre regard. Et qu’elle reconnaisse, en chaque être, humain ou non humain, un individu sensible, complexe et irremplaçable.

Remerciements. Je remercie chaleureusement le groupe d’Odipers pour la richesse des échanges, ainsi que pour les réunions matinales ou en soirée à Nice. Je tiens également à exprimer ma gratitude à Alix Levain, Gaëlle Ronsin et Joanne Clavel pour leurs précieux retours avant la publication de ce papier.

[1] Elsler, Laura G. et al. 2025 [in press] “Leave no one behind in the UN Ocean Decade”, One Earth. Https://doi.org/10.1016/j.oneear.2025.101344.

[2] Johannesen, Ellen, Barz, Fanny, Dankel, Dorothy J., & Sarah B. M. Kraak. 2023. “Gender and early career status: variables of participation at an international marine science conference,” ICES Journal of Marine Science, Volume 80, Issue 4, Pages 1016–1027, https://doi.org/10.1093/icesjms/fsad028.

[3] Hills, Jeremy, Chand, Kevin, George, Mimi, Huffer, Elise, Kruger, Jens, Samuwai, Jale, Soapi, Katy, and Anita Smith. 2022. “Blue Heritage in the Blue Pacific.” In Boswell, Rosabelle, O’Kane, David and Jeremy Hills (eds.) The Palgrave Handbook of Blue Heritage: 273-302. Cham, Switzerland: Palgrave Macmillan.

[4] Nelson, Kate “Inside the Fight for Indigenous Data Sovereignty.” Published on 2.06.2024. Atmos.Earth online.

[5] Vierros, Marjo K., Harrison, Autumn-Lynn, Sloat, Matthew, Crespo, Guillermo O., Moore, Jonathan W., Dunn, Daniel C., Ota, Yoshitaka, Cisneros-Montemayor, Andrés M., Shillinger, George L., Watson, Trisha K., & Hugh Govan. 2020. “Considering indigenous peoples and local communities in governance of the global ocean commons.” Marine Policy 119, September:1-13.

[6] Santos, Boaventura de Sousa. 2016 [2014]. Epistemologies of the South: Justice against Epistemicide. London; New York: Routledge

[7] Todd, Zoe. 2015. “Indigenizing the Anthropocene” in Heather Davis and Etienne Turpin (eds.) Art in the Anthropocene: Encounters Among Aesthetics, Politics, Environment and Epistemology: 241-254. London: Open Humanities Press.

[8] Krenak, Ailton. 2024. Ancestral Future. Polity

[9] Leblic, Isabelle. 1989. “Notes sur les fonctions symboliques et rituelles de quelques animaux marins pour certains clans de Nouvelle-Calédonie.” Anthropozoologica NS(3): 187–196. | Luomala, Katherine. 1984. Shark and shark fishing in the culture of Gilbert Islands. Akademia Kiado. | Oliver, D. 1974. Ancient Tahitian society. University of Hawai’i Press.

[10] Ibid., note 5.

[11] Chauvin, Hortense « Les poissons, des êtres sensibles et conscients, loin de nos regards. » Publié le 7 mai 2025. Reporterre, en ligne.

[12] Ibid., note 11.

[13] https://www.oceanopolis.com/le-narval-cet-animal-qui-murmure-a-loreille-des-hommes/

[14] En reo tahiti, Papa désigne la terre originelle, la fondation, parfois en lien avec la déesse Papa (ou Papahānaumoku en hawaïen), figure maternelle dans plusieurs cosmogonies polynésiennes. Il peut aussi signifier la strate, le fondement, ou le substrat dans le sens géologique ou symbolique (fond marin, récif, base généalogique). Chave-Dartoen, Sophie et Bruno Saura. 2018. « Les généalogies polynésiennes, une mise en récit du monde sociocosmique, de son origine et de son ordre », Cahiers de littérature orale, 84 [En ligne, consulté le 14 juin 2025], 84. |

[15] David, Victor. 2021. La reconnaissance de l’Océan Pacifique comme sujet de droit. Contribution pour une Biodiversité sans Frontières. Dans Yenny Vega Cárdenas & Daniel Turp. 2021. Une personnalité juridique pour le Fleuve Saint-Laurent et les Fleuves du monde. 9782897991579. hal-04935706. | Keynote 1 à l’OOSC : “Ocean Rights: human and non-human rights to a healthy Ocean” présenté par Michelle Bender.

[16] Gattuso, Jean-Pierre, Duarte, Carlos M., Fortunat, Joos & Laurent Bopp. “Humans will always have oxygen to breathe, but we can’t say the same for ocean life.” Published on 12.08.2021. The Conversation online.

[17] Breitburg, Denise et al. 2018. “Declining oxygen in the global ocean and coastal waters.” SCIENCE vol. 359 vol. 6371. DOI: 10.1126/science.aam7240.

[18] Ibid., note 16.

Tortue de Nouvelle-Calédonie

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